SIGNATURE PAR LES QUATRE ETATS RIVERAINS DU LAC TANGANYIKA DE LA CHARTE REGIONALE DES ETATS MEMBRES DE L’AUTORITE DU LAC TANGANYIKA PORTANT MESURES DE GESTION DURABLE DE LA PECHE AU LAC TANGANYIKA ET SON BASSIN
En 20 ans, les prises de poissons au niveau du lac Tanganyika ont baissé de moitié ; pire, ce déclin s’accentue avec le temps.
La capture des poissons avant qu’ils atteignent l’âge de se reproduire est la principale cause de ce désastre. De telles pratiques compromettent le renouvellement du stock de poissons du lac Tanganyika. En effet, il est estimé qu’à cause de ce type de pêche, environ 100 millions de kilogrammes de poisson disparaissent par année, ce qui équivaut à plus d’un milliard de plats de poissons perdus par an.
Une charte pour assurer la gestion durable des ressources du lac Tanganyika
Afin de contrecarrer cette diminution des ressources produites par le lac Tanganyika, les gouvernements du Burundi, de la République Démocratique du Congo, de la République Unie de Tanzanie et de la Zambie ont adopté, le 16 décembre 2021, la « Charte régionale des États membres de l’Autorité du lac Tanganyika portant mesures de gestion durable de la pêche au lac Tanganyika et son bassin ». Cette charte entrera en vigueur au cours de l’année 2022 et promeut aussi bien la conservation que l’utilisation durable des ressources du lac. En assurant l’application scrupuleuse des textes de la charte, les États consolideront leur coopération pour combattre la pêche illégale et la capture massive de jeunes poissons.
Ce que dit la charte
Il existe principalement deux types de pêche au lac Tanganyika, dont la plus importante est la pêche au large, qui capture un prédateur (la « perche » Lates stappersii -Mgebuka, Mukeke) et deux « sardines » qui lui servent de nourriture (Stolothrissa tanganicae -Ndagala et Limnothrissa miodon -Lumpu). Cette pêcherie débarque sur les plages près des 80% des captures totales du lac Tanganyika. La deuxième pêche est littorale, pratiquée dans le premier kilomètre à partir du rivage, et particulièrement le long des plages. Les pêcheurs du littoral utilisent une multitude d’engins, dont plusieurs ne sont pas autorisés, étant donné qu’ils capturent sans distinction tous les poissons, y compris les petits.
La charte est un document légal comprenant 28 articles techniques, qui précisent et actualisent les règles de la pêche au niveau du lac Tanganyika. Elle ne remplace pas les lois existantes, mais les complète. Elle est le fruit d’une étude menée par des experts et des chercheurs des quatre pays riverains au cours de l’année 2021. L’initiative s’inscrit dans le cadre du projet LATAFIMA (Lake Tanganyika Fisheries Management) du programme ECOFISH, qui est financé et promu par l’Union européenne. Ce projet est mis en œuvre par l’Autorité du Lac Tanganyika (l’ALT) en partenariat avec la FAO. Grâce à cette coopération, les connaissances relatives au lac Tanganyika ont pu être mises à jour et les conséquences de la pêche illégale quantifiées.
La charte rappelle les règlements de pêche, tels que la taille autorisée des filets, la taille des hameçons, les zones de pêche, etc. De plus, elle redéfinit les sanctions en cas d’infractions, et en particulier pour les récidivistes. Elle clarifie aussi la taille légale de capture : par exemple celle de Lates stappersii est de 26 cm du museau jusqu’au bout de la queue, celle de Stolothrissa tanganicae est de 10 cm et celle de Limnothrissa miodon de 11 cm. En outre, elle précise qu’une capture est jugée entièrement illégale si 20% des prises sont d’une taille inférieure aux tailles règlementaires; la capture est alors intégralement saisie par les agents des services de police des pêches.
Les efforts pour faire connaitre la charte
La charte a pour vocation d’être diffusée auprès des populations, pour qu’aucun pêcheur ne puisse prétendre ne pas connaître les règlements. Une campagne de sensibilisation, organisée par le projet LATAFIMA et encadrée par l’ALT, permettra en mai 2022 de disséminer le contenu de la charte dans les villages de pêche autour du lac.
Nous invitons les lecteurs intéressés ou concernés à consulter les 13 pages de la charte, disponible sur le site internet de l’ALT. La charte a été validée par les gouvernements en français et en anglais, puis traduite par l’ALT et la FAO en langues locales. La lecture est aisée, même pour les non-spécialistes, puisque la charte a été écrite pour être lue et comprise par tous.
Pour conclure cet article, nous citerons cette mesure d’envergure qu’est l’article 12 de la charte : « pour offrir aux poissons une période de repos biologique et une chance de se reproduire, toute pêche au lac Tanganyika sera interdite, chaque année, du 15 mai au 15 août ».

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