Lancement de la sensibilisation des populations sur la Charte pour la gestion durable des pêches au lac Tanganyika

Les cadres et agents de l’Etat en charge de la pêche dans chacun des pays riverains du lac Tanganyika (Burundi, République Démocratique du Congo, République Unie de Tanzanie et Zambie) participent actuellement au renforcement de leurs capacités pour sensibiliser les pêcheurs et acteurs de la filière poisson sur le contenu de la Charte régionale portant mesures de gestion durable du lac Tanganyika.

Le coup d’envoi des campagnes régionales de formation et sensibilisation a été donné au Burundi, au chef-lieu de la province Rumonge, les 18 et 19 mai 2020.

Monsieur Deogratias Nduwayezu, Directeur de la Promotion des Filières Halieutiques au Ministère de l’Agriculture et de l’élevage, a inauguré l’ouverture de cette formation. Etaient aussi acteurs de ce lancement l’Administrateur Communal de Rumonge, le Directeur Exécutif de l‘Autorité du Lac Tanganyika (ALT), la Directrice de la Pêche et de l’Aquaculture à l’ALT et les cadres du projet LATAFIMA (Projet de gestion des Pêches au lac Tanganyika). Le projet LATAFIMA, financé par l’Union Européenne dans le cadre du programme ECOFISH de l’Union Européenne, est mis en œuvre conjointement par la FAO et l’Autorité du Lac Tanganyika. Il est soutenu par les quatre états pour aider ces mêmes états à stopper la chute vertigineuse de la production de poisson du lac, imputable pour l’essentiel aux engins illégaux de pêche qui capturent les poissons trop jeunes, avant qu’ils aient pu se reproduire et donner le stock de l’année suivante.

La formation des sensibilisateurs, puis la dissémination de la formation auprès des populations, sont organisées dans le but de permettre que tout le monde de la pêche, acteurs et administratifs, maîtrise parfaitement le contenu de la Charte. La charte est un document technique qui actualise toutes les règles à observer lorsqu’on veut pêcher au lac Tanganyika, et toutes ces règles s’appliquent pour l’ensemble du lac de la même manière, de Mpulungu en Zambie jusqu’à Bujumbura au Burundi, que séparent 776 kilomètres d’un lac immense et menacé.

Le Lac Tanganyika, une riche ressource dont l’écologie est menacée

Malgré la richesse du lac Tanganyika qu’on pourrait croire inépuisable, au contraire ses ressources sont en danger. « Le stock de poisson est menacé par la surpêche qui utilise des engins et pratiques tellement destructeurs qu’ils peuvent amener à l’épuisement de cette ressource », a souligné le Directeur Exécutif de l’ALT, en faisant référence aux conclusions des études réalisées en 2021 sous l’égide de LATAFIMA, par les scientifiques des quatre pays. Il y a les mauvaises pêches, c’est sûr, mais ce n’est pas tout : monsieur Sylvain TUSANGA a relevé la destruction des zones de frayères à cause de l’érosion des bassins versants, les constructions anarchiques et polluantes sur les bords du lac,  l’extraction des matériaux de construction tels que le sable et le moellon alors qu’ils sont les habitats des poissons, ou encore toutes les pollutions par les activités humaines et leurs rejets de déchets toxiques dans l’eau.

Selon les résultats des études mandatées par l’ALT et LATAFIMA, le lac produit désormais chaque année environ 100 000 tonnes de poisson ; dans les années 1990, la production atteignait 200 000 tonnes. « Il n’est pas rare qu’un pêcheur rentre avec un ou deux poissons pour toute une nuit de pêche alors que dans le temps, il revenait avec d’importantes quantités en peu de temps », a souligné le Directeur Exécutif de l’ALT en citant les déclarations des pêcheurs eux-mêmes. Pour l’Autorité du Lac Tanganyika, il est urgent que les gestionnaires des pêches, les autorités locales et les pêcheurs fassent front commun pour la préservation du stock de poissons, afin de restaurer les productions, d’attirer les investissements et contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire et des conditions de vie des populations.

La Charte harmonise pour tout le lac les règles de gestion de la pêche

Les poissons du large se déplacent sur de longues distances et les pêcheurs qui détruisent les stocks en un endroit vont causer la misère aussi à des centaines de kilomètres. Il a donc fallu mettre sur pied des règles applicables sur tout le lac Tanganyika, sans exception. « La Charte est basée sur les doléances et les plaintes des acteurs de la pêche. Les réponses à leurs requêtes sont dans les différentes dispositions de la charte ; elles contribueront à la protection du métier de pêcheur et ainsi à l’augmentation de la production de poisson », a souligné Sylvain Tusanga à l’ouverture de l’atelier de formation des sensibilisateurs.

Les premiers bénéficiaires de la Charte, seront les pêcheurs eux-mêmes. La Charte ne doit pas être considérée comme une contrainte, mais le sauvetage du métier de pêcheur.

La formation à Rumonge a été conduite par Prosper KIYUKU,  expert scientifique au projet LATAFIMA. Elle a ouvert la voie à l’ouverture de la campagne de sensibilisation pour tout le Burundi, en vue de la mise en œuvre de différentes dispositions de la Charte. Les cadres formés vont, à leur tour et au nom de leur gouvernement, participer à la dissémination des enseignements de leur formation et accompagner la mise en œuvre de la Charte. « Toute sensibilisation commence par les leaders qui répercutent à leur tour les messages ou les connaissances apprises. Vous êtes les premiers à motiver les pêcheurs pour une pêche adéquate. Vous êtes comme les bergers des pêcheurs. Vous devez tout faire pour que notre lac ne soit pas comme un simple marécage », a insisté l’Administrateur communal Rumonge en s’adressant aux participants. Les formations et campagnes similaires vont commencer fin mai en République Démocratique du Congo, Tanzanie et Zambie.


Ce site web a été créé et maintenu avec le soutien financier de l’Union européenne. Son contenu relève de la seule responsabilité de l'ALT et ne reflète pas nécessairement le point de vue de l'Union européenne.